Souvent, lorsque j’évoque ma pratique d’accompagnante en Transe, je sens dans l’interlocuteur non averti une forme de réticence, voire de recul, parfois une fermeture. Les personnes me conseilleraient vivement de ne pas utiliser le mot « transe » car disent-ils, «ça fait peur ».
La transe, ça fait peur
Et en effet, le terme de « transe » peut ouvrir la porte aux fantasmes. Certains peuvent imaginer un prêtre vaudou égorgeant un poulet ou un chamane sous une peau d’animal dépecé se livrant à des incantations obscures, etc.
Mais surtout, ce qui leur fait peur est d’imaginer que leur libre arbitre sera bafoué, que leur être sera sous influence, voire sous contrôle. Qu’ils pourraient faire n’importe quoi, et surtout des choses répréhensibles et à l’opposé de leurs valeurs morales, voire que leur intégrité physique et psychique soit malmenée …
Pourtant, la transe nous est intimement connue
Nous pouvons la définir selon deux angles :
- le processus mis en œuvre pour atteindre à un état de conscience modifiée ;
- l’état de conscience modifiée lui-même.
Elle est un processus d’ouverture de conscience que nous savons pratiquer naturellement, instinctivement car elle est à l’origine de notre être au monde.
En effet, on pourrait dire que notre état de bébé, celui que nous avons tous connu même si nous n’avons que peu de souvenirs conscients, est un état de transe, c’est-à-dire un état d’ouverture de conscience maximum avec une connexion au monde environnant. Qu’est-ce à dire ? Les études montrent cet état d’ouverture au monde du bébé est fait de la même réceptivité totale que celle recherchée en transe.
L’adolescence est aussi un étape développementale importante de restructuration de la personnalité. Au cours de cette période, différents états de transe peuvent être expérimentés spontanément par des rêveries, des moments de rupture avec la réalité concrète pour entrer dans une imagination qui nourrira la construction de l’être.
Des états de transe, tout au long de notre vie
Les évènements de vie douloureux ou non nous y poussent. Ainsi en est-il des maladies graves, de la grossesse, des deuils, des crises, des éveils spirituels, etc. Les artistes connaissent ce moment de vide qui précède la création. Et tout un chacun connaît cet état de conscience particulier de l’état amoureux.
N’avez-vous jamais senti combien vous pouviez être « différent », « connecté » voire « augmenté » quand vous êtes amoureux ?
Au quotidien, le sommeil est aussi un état de conscience modifiée. Que nous indique cet état ? Il parle d’une nécessité de réactualisation de notre être suite aux expériences vécues, d’un besoin de reconnexion avec toutes nos dimensions, conscientes et inconscientes pour retrouver notre unité.
Il est question aussi parfois de transes négatives. Elles aussi peuvent se vivre au quotidien, à travers les états de conscience modifiée provoquées par les crises d’angoisse ou les migraines par exemple.
Que se passe-t-il ici ? Nous pouvons penser que ces « transes négatives » sont des moments où le processus d’actualisation de l’être est provoqué mais qu’il ne va pas jusqu’au bout.
Alors, l’appel intérieur à la transformation se reproduit comme un disque rayé faisant défiler le même extrait, sans aboutir.
La transe accompagnée
Au contraire, lorsque la transe est accompagnée, le cadre et l’accompagnement apportant sécurité peuvent permettre de dépasser les peurs qui entravent le processus d’auto-guérison en cours pour arriver à son aboutissement.
Alors, faut-il avoir peur de la transe ? Au-delà du folklore et des fantasmes, la transe est une fonction de notre être présente en nous et au service de notre santé. Faisons alliance avec elle.