Pour Denis Mérillon, « chaque expérience de transe est une révélation »

Le chemin vers la transe thérapeutique est parfois long comme ce fut le cas pour Denis Mérillon, qui est aussi passé par la psychanalyse. Il nous livre son retour d‘expérience aussi personnel que philosophique : pour lui, chaque expérience de transe et de respiration est une nouvelle rencontre et un nouvel apprentissage.

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai pour l’instant mis de côté toute activité professionnelle pour construire ma maison. C’est mon activité principale. J’ai d’abord été fonctionnaire, j’ai eu un passage dans une communauté en Allemagne, puis j’ai exercé en tant que charpentier pendant 20 ans. J’ai ensuite quitté ce métier pour être éducateur. Mais dire que je suis charpentier, ou éducateur, ou psychanalyste, fait émerger une force qui refuse tout enfermement dans une quelconque identité ou définition. Ce n’est pas de l’orgueil ni une curieuse rébellion, c’est un désir d’accomplissement de l’être vers sa totalité qui me sourit. J’y vois un signe de bonne santé.

Alors, qui suis-je ? Je cherche ! Je ne suis pas les attributs du sujet qui suivent « je suis », car « je suis » est toujours autre chose. C’est cet autre qui m’importe, car il souligne mon inaccompli et me conduit vers mes ombres, dans lesquelles se cachent d’autres parts d’être. Ce sont celles-là qui se rencontrent dans les expériences de respiration. Aujourd’hui, je me dis que je suis une intentionnalité (c’est-à-dire un projet de réalisation dans l’incarnation d’un Tout Autre de Soi, créateur, source et but, ndlr). J’apprends à me familiariser et à dialoguer avec elle.

« L’inconscient : une révélation et un déclic. »

Comment avez-vous connu Céline Gaulot ?

Pour moi, c’est un long cheminement qui commence depuis l’enfance. Il y a des choses bizarres dans ma famille, certaines que je ne comprends pas, et je me suis intéressé très jeune à Freud et à la psychanalyse. J’y ai rencontré un mot très important que je n’arrivais pas à nommer : l’inconscient. Ce fut une révélation, un déclic. J’ai suivi deux ans d’analyse à 21 ans, et il m’a fallu 40 ans pour arriver à la transe. Pendant tout ce temps, mon attention s’est portée sur les rêves, sur ce que le corps pourrait dire, et d’où viennent les souffrances. Un jour, une amie psychologue m’a dit que ce que je vivais de l’intérieur nécessitait un accompagnement plus poussé. J’ai alors décidé de me lancer dans une autre démarche analytique, et de chercher un psychanalyste jungien. C’est comme ça que j’ai rencontré Céline. Nous avons fait un long travail et je me suis rendu compte qu’il fallait aller encore plus loin, autrement que par le langage.

La respiration m’a attiré et en même temps effrayé, car la nouveauté fait peur ! Cela pouvait être plus difficile et plus confrontant. Je craignais aussi de présenter des contre-indications car j’ai des problèmes cardiaques. Mais comme à son habitude, Céline m’a installé dans une confiance totale, et j’ai fait une première expérience il y a plusieurs années en groupe.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous inscrire à la formation ?

J’ai suivi des journées de respiration à Bordeaux pendant plusieurs années. Parmi mes motivations, il y a le fait de devenir moi-même formateur ou accompagnant. Mais aussi l’idée de continuer ce travail de respiration dans un autre cadre.

« Comment mon corps envoie des informations et comment je les traduis en mots ? »

Comment se passent les expériences de transe pour vous ?

La première chose qui se déclenche et qui reste, c’est la vibration déclenchée par l’hyperventilation. Il se passe quelque chose dans le corps, une sensation de fourmillement qui se présente à moi comme quelqu’un. Dans la respiration, la part de conscience est en retrait : je suis présent en tout petit et le reste, c’est la vibration. Ça ne renvoie à rien de connu et je dois appendre ce langage que je ne connais pas : comment mon corps envoie des informations et comment je les traduis en mots ? Ma dernière respiration l’illustre très bien. Je suis arrivé avec des douleurs, et j’ai eu besoin d’émettre un son de bourdonnement grave. Il a eu pour effet de maintenir la force de la vibration, comme on souffle sur une flamme pour maintenir le feu, ici un feu de guérison. Là, il y a eu comme une rencontre et un dialogue inouïs, qui laissent au moi observateur la tâche délicate d’en traduire les informations.

Je ressens aussi que quelque chose s’impose, que ce n’est pas moi qui décide et que la vibration demande mon consentement pour aller plus loin. Alors ma respiration se modifie, et je vais atteindre une autre zone. C’est l’expression du langage du corps.

Et que vous apporte chaque expérience ?

Chaque expérience est une révélation : que va-t-elle montrer de moi et que je ne connais pas ? Je pensais que moi, Denis, j’étais ceci ou cela, mais il y a encore autre chose. C’est d’ailleurs tout le sens de l’école. Il s’agit d’aller chercher cette partie inconnue de soi pour l’unifier, en élargissant sa conscience.

Comment Céline vous guide-t-elle dans la respiration et la transe ?

L’accompagnement d’une psychanalyste est essentiel car nous allons traverser un tas de couches psychiques. Un peu comme la plongée avec différents paliers !

Le cadre et l’aspect cérémonieux sont aussi très importants : une salle, une disposition, un rituel. Cela conditionne l’accueil de notre parole et nos intentions. Et finalement, tout a son importance : les objets, le timbre de la voix de Céline, ou même les odeurs, parce que nous sommes hyper sensibles. Nous avons tout ce qu’il nous faut à disposition, y compris des bras et des mouchoirs.

« La psychanalyse, c’est une histoire d’amour ! »

Quels sont les bénéfices de la transe pour vous, dans votre vie personnelle ?

J’en ressens des bienfaits, qui sont très doux. C’est plein d’amour, un amour infini. Il est bouleversant de contacter cette zone de soi qui nous connait bien, qui a une tendresse infinie pour nous-même et qui veut notre guérison. Cela suppose d’aller chercher ce qui est déjà là, et c’est ça qui est thérapeutique.

Il faut une vraie force pour ça, d’après vous ?

Elle est rencontrée dans l’expérience. Mais la psychanalyse, c’est une histoire d’amour ! C’est une rencontre exigeante d’âmes car les deux font alliance dans la quête de vérité et de liberté. La relation avec le professionnel est unique et exceptionnelle.

En tant qu’homme, pensez-vous vivre la transe thérapeutique d’une façon différente ?

Oui, et il est vrai qu’il y a encore très peu d’hommes dans les formations. Ils auraient pourtant besoin de faire alliance avec leur féminité, car cette démarche-là est féminine. C’est un saut dans l’inconnu, et ça, le saut en parachute, les femmes savent faire ! Cela renvoie exactement à la disposition d’accueil : je tremble, j’ai peur, mais je suis disposé à accueillir.

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